chapitre 2

chapitre 2


LE RETOUR

Aéroport de Roissy Charles de Gaulle
Paris, 6 mois plus tard

« Samh, dépêche-toi… l’avion ne va pas nous attendre »
« Oui…j’arrive ». Elle était accroupie, farfouillant dans son sac à dos. Caline et moi avançâmes vers elle d’un pas décidé, c’était déjà le 3e appel pour les passagers à destination de Washington DC.
« Mais qu’est-ce que tu cherches encore ? » lui demandai-je.
« Son cadeau - répondit Samh inquiète - je ne retrouve plus son cadeau »
« Mais il est dans la valise de Tigrette le cadeau – rétorqua Caline - Tu lui as donné hier soir parce que t’arrivais pas à fermer ton sac »
« Oh oui, c’est vrai… Oh là là là, faut que je me calme » Fit Samh en inspirant de longues bouffées d’air pour contrôler sa nervosité.
« Qu’est-ce tu lui as acheté au fait ? » demanda Caline comme Samh remballait ses affaires.
« Tant que ce n’est pas une peluche de Marsupilami » fis-je en plaisantant
« Pourquoi ? – questionna Samh l’air inquiet - tu crois qu’il n’aimerait pas ? »
« T’as pas fait ça ? Tu ne va pas lui offrir un marsup ? Samh… rassure-nous » Je la regardai avec insistance »
« Ben… »

« Bon alors…vous prenez racine ou quoi ? » demanda Marji en arrivant vers nous.
« Voilà, c’est bon…on est parties » répondit Caline
« Je suis sûre qu’il l’aimera beaucoup mon cadeau de toute façon !!! » insista Samh pendant que j’empoignais son sac alors que Caline la poussait vers la zone d’embarquement

7 heures plus tard, nous arrivions enfin dans la capitale américaine. Après les formalités douanières et la récupération des bagages, ne restait plus qu’à s’occuper de la voiture.

« Dis donc Soize…il va nous faire attendre encore longtemps le gars ?…J’ai envie d’une douche moi ! » demanda Tigrette, un peu agacée.
« Oui c’est vrai… il avait dit à 15 heures, devant la sortie 18… et ça fait plus d’une demie heure qu’on attend » ajouta Caline
« Hey, je n’y suis pour rien moi… j’en sais pas plus que vous »
« Ben c’est quand même toi qui t’en es occupée de cette voiture…comment il s’appelle le type déjà ? » demanda Samh
« Euh…attends – dis-je en sortant un papier de ma poche – Bosley, John Bosley… c’est un copain qui m’a donné son nom quand je lui ai demandé s’il connaissait quelqu’un à qui on pouvait acheter une voiture pas trop chère ici »
« Et c’est quoi comme voiture au fait ? » questionna Marji
« Je ne sais pas… il a dit qu’il allait faire au mieux »

Au même instant, un bruit de moteur saccadé nous fit toutes tourner la tête dans la même direction.
« Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ca roule ça ? » demanda Samh, les yeux écarquillés. Le véhicule stoppa à notre hauteur. En sortit un petit bonhomme rondouillard qui, manifestement, se dirigeait vers nous.
« Bonjour mesdemoiselles » dit-il dans un français hésitant, la mine réjouie
« Mr Bosley ? » demandai-je, tout en sentant les regards inquisiteurs de mes camarades
« Oui. Je suis enchanté de vous rencontrer. Voici la voiture que vous avez commandée »
« SOIZE ????? » fit le chœur réprobateur des copines
« Quoi ? – répondis-je un peu sur la défensive - Qu’est-ce que vous voulez trouver de mieux pour 400 dollars ? Et puis c’est très bien une 4L, c’est solide, ça craint rien … Les filles… dîtes quelque chose, s’il vous plait… »
Elle se regardèrent toutes les quatre pendant de longues secondes, puis leurs lèvres s’étirèrent en même temps dans un sourire avant de franchement éclater de rire.
« Au moins, personne ne nous la piquera !!! » affirma Tigrette, les larmes aux yeux.
« Y’a pas de danger – renchérit Caline qui manquait de s’étouffer – et la couleur, vous avez vu la couleur ? » en désignant la voiture, d’un vert pomme éclatant.
Marji s’en approcha un peu plus. « C’est fou ça…même les petites fleurs oranges sont peintes … une vraie 4L hippie !!! »
« Alors, vous la prenez ou pas ? » demanda Bosley, l’air dubitatif. Nous échangeâmes un regard amusé et acquiesçâmes.

Quelques minutes plus tard, nous avions calé tant bien que mal tous les bagages dans le coffre et étions prêtes à affronter la circulation de la capitale.
« Attendez – fit Marji avant que nous ne prenions place dans l’auto – il faut la personnaliser »
« Euh…tu ne trouves qu’elle est déjà assez remarquable telle quelle ? » releva Samh qui voyait Marji occupée à coller quelque chose à l’arrière.
« C’est quoi ça « Non au parc marin » ? » demanda Caline
« Marji, tu crois vraiment que c’est utile ? Je te rappelle qu’on est à Washington » ajoutai-je
« C’est vrai, mais il y a plein de Bretons par ici ! » affirma-t-elle
« Alors dans ce cas…faut mettre ça aussi » poursuivit Tigrette en sortant des fanions de football de Rennes et de Guingamp
« Du coup c’est certain… on n’aura même pas besoin de la fermer à clé cette voiture » conclut Samh en éclatant de rire.
« C’est bon les filles – fit Tigrette en vérifiant que les fanions étaient bien attachés au rétroviseur - Direction l’hôtel… On va avoir besoin d’une bonne nuit de repos pour être en forme demain »
« Samh, tu n’as pas oublié ta convention de stage ? » demanda Marji
« non, je l’ai, j’ai vérifié 3 fois »
« Et c’est bien marqué que tu travailles avec Harmon Rabb Jr ? » ajouta Caline
« Oui, c’est bien écrit…en caractère gras… Hey, on se calme les filles !!! »
« Elle a raison – fis-je – restez zen…on sait qu’il vous a fait une forte impression la première fois, mais je me demande si vous ne l’avez pas un peu idéalisé ce gars… il ne peut pas être aussi parfait »
Marji, Caline et Tigrette échangèrent un regard qui en disait long, chacune semblait partie dans son rêve, une petit sourire éclairait leurs visages. Caline poussa même un petit soupir.
« Tu verras bien demain - fit Marji d’un ton malicieux – je suis sûre que tu ne diras pas la même chose une fois que tu l’auras vu toi aussi ».

à suivre